CHALET

LA SAGA DU CHALET de 1952 à nos jours

 

C’est le 27 février 1949 que le Club Vosgien de HAGUENAU reprend son autonomie. Le Club fut chargé de la rénovation et de l’entretien des sentiers du secteur abandonné de WOERTH, magnifique contrée des Vosges du Nord comprenant les communes de Wingen, Lembach, Niedersteinbach et Obersteinbach ; c’est la vallée supérieure de la Sauer.

Les bénévoles du renouveau trouvèrent refuge à la ferme restaurant du Gimbelhof. Solution provisoire jusque dans les années 1952. Mû par un bel élan d’enthousiasme, le Club édifia de 1952 à 1955 son chalet-refuge.

Des négociations sont entreprises avec la Commune de Lembach pour trouver un terrain afin d’édifier un chalet-refuge. La délibération du conseil municipal du 4 novembre 1952 nous révèle :

« Le Club Vosgien, section de Haguenau, désire faire construire un chalet-refuge de 10m x 10m comprenant un rez-de-chaussée en maçonnerie et un 1er étage en bois sur un terrain situé en bordure du chemin dit « GRIESWEG » dans la forêt communale. Considérant que le Club Vosgien est une association reconnue d’utilité publique qui compte de nombreux sympathisants parmi les habitants de la région et que la réalisation du projet n’est pas de nature à porter le moindre préjudice à la commune propriétaire du terrain et de la forêt environnante, le conseil municipal autorise le Maire à mettre le terrain proposé à la disposition du Club Vosgien moyennant une indemnité annuelle de reconnaissance de 100 francs et recommande le projet à la bienveillance du service forestier. »

Le premier coup de pioche est donné en 1952, suivi de beaucoup d’autres et ceci jusqu’au 10 juillet 1955, date de l’inauguration.

Les manches sont retroussées : les muscles sont bandés, les bénévoles affichent une volonté farouche ; l’équipe est cosmopolite ; il y a des Haguenoviens et des gens de Lembach. C’est la période après-guerre. Tout le monde avait envie de reconstruire ou de construire. Il fallait relever les ruines.

Les soubassements sont érigés en grès des Vosges qui donnent un cachet extraordinaire au bâtiment, encore aujourd’hui. Les moellons, matière première, sont récupérés des ruines du village, et un grand nombre provient de la synagogue détruite par les nazis en 1943. A regarder cet ouvrage, c’est de l’art pur. Honneur aux artistes.

La partie couchage, donc le 1er étage, est ni plus ni moins qu’une ancienne baraque de sinistrés, certainement confectionnée en nouvelle Calédonie dans la sombre période de conflit. Selon une source informelle, il semblerait que ce logis ait servi comme école à Mertzwiller.

On souffle un peu et on se pose la question : pourquoi un chalet ?

Le restaurant du Gimbelhof – un grand merci à la famille GÖHRICH-GUNDER – en pleine extension avait besoin de ses locaux pour accueillir les touristes de plus en plus nombreux. Il fallait en même temps sortir les ouvriers des usines et les amener dans la nature. Il s’agissait alors de construire un refuge pour les accueillir pendant leur temps libre.

Le chalet a également de tout temps hébergé les baliseurs bénévoles du Club. La majorité habitait Haguenau et ses environs. Les voitures n’étaient pas nombreuses à l’époque.

Et on reprend :

1954 – Les travaux avançaient au rythme des saisons. Les matières premières coûtaient déjà très cher à l’époque. Les crédits s’épuisaient et le bâtiment n’avait pas encore l’eau courante. Dans la délibération du conseil municipal du 6 avril 1954, on peut lire :

« Le Club Vosgien a saisi la commune d’une demande de subvention aux frais d’installation de la conduite d’eau au chalet-refuge dans la forêt communale.

Le conseil municipal décide de lui accorder une subvention de 20.000 francs (chapitre XI – titre 7), qui seront pris sur les fonds libres ».

Démonstration d’une collaboration exemplaire entre Club et commune. Même le sous-préfet de Wissembourg, Charles HEITZ, avait donné son aval.

Le chantier approcha de sa fin ; Le Club Vosgien apporta la dernière touche au bâtiment et la commune plancha sur les modalités de l’inauguration.

Dans la délibération du 6 juillet 1955 on peut lire sobrement : « A l’occasion de l’inauguration du chalet du Club Vosgien, la commune offrira un vin d’honneur. »

La date du 10 juillet 1955 approchait. C’est à Monsieur le Doyen REDSLOB, alors président du comité central, que revint le devoir de couper le ruban. Le temps était radieux et la foule nombreuse. Il fallait régler les manettes et surtout les factures du vin d’honneur.

Dans la délibération du 7 octobre 1955, on pouvait lire :

« Le conseil municipal ayant décidé en principe, dans sa séance du 6 juillet 1955, d’offrir un vin d’honneur aux personnalités officielles et invités qui ont honoré de leur présence l’inauguration du chalet-refuge du Club Vosgien le 10 juillet 1955, approuve la facture y relative se montant à 10.800 francs de Monsieur LIENHARD, propriétaire de l’hôtel-restaurant des Vosges du Nord à Lembach.

Est approuvée de même une facture de 1.390 francs, pour quelques rafraîchissements offerts à la commission qui présidait aux opérations d’attribution des bois d’ « affouage »* le 23 mai 1955 dans la salle du restaurant sus-nommé. »

Là se terminent en apothéose les péripéties de la naissance d’un chalet. Dès lors, la dénomination de «  Club Vosgien section de Haguenau » devient « Club Vosgien section de Haguenau-Lembach ».

Les années passent, le confort est spartiate. La croissance des années 1970 oblige le Club à améliorer l’accueil.

1976 à 1977 : Amélioration de l’aménagement afin de mieux accueillir des randonneurs de plus en plus nombreux.

1978 à 1979 : Raccordement au réseau téléphonique, installation d’une douche. Dans un souci de confort, nous n’avons pas pu repousser l’installation de l’électricité, ni l’eau courante, ni le téléphone ; nous n’avons pas pu nous affranchir du monde moderne. Seul témoin d’un passé assez proche, nous chauffons les salles au feu de bois, ce qui facilite, la nuit tombée, le moment des confidences, la VEILLEE en quelque sorte la MAISTUB.

Puis train-train jusqu’en 1986.

1986 à 1987 : Une équipe rajeunie se met au travail. Le résultat est spectaculaire : chalet étendu, cuisine aménagée, douches et sanitaires installés.

Chalet refuge en 1988

1995 à 2000 : Une équipe liée par l’amitié s’attaque à l’agrandissement et à l’humanisation des installations.

Le rajout d’une aile a permis de donner du volume aux chambres et à bénéficier d’une salle de réunion. La jonction des deux bâtiments est une superbe verrière réservée à l’accueil.

Enfin, après beaucoup de labeur et de ténacité de la part des bénévoles, le chalet tel qu’il est aujourd’hui, a été inauguré par Monsieur Philippe RICHERT, Président du Conseil Général, le 20 mai 2000. Une plaque commémorative atteste les faits.

« Un schon weder han mer d’MAJE g’stellt »

2009 à 2010: L’équipe encore en place depuis 2000 a encore envie d’en découdre et se mobilise pour un nouveau projet : agrandissement des sanitaires du rez-de-chaussée. Un travail de spécialistes accompli sans faille et le résultat est une merveille. Chaque chose est à sa place et chaque place a sa chose. Le bon sens et la modernité ont signé un pacte. Les personnes qui se déplacent en fauteuils y trouvent également leur compte. Merci aux bénévoles.

Le chalet est tenu par des bénévoles. Il est ouvert à tous et propose contre un prix dérisoire, un lit ainsi que l’accès à une cuisine équipée. Le chalet ne fait pas restaurant, mais permet aux randonneurs ou aux vacanciers de se faire à manger. Ce service est très apprécié des familles modestes. Le chalet accueille également des groupes sur réservation. Il n’est nullement exagéré d’assimiler ces prestations à un service public quasi gratuit.

Nous avons tenu un pari. Nous avons amélioré l’héritage, un outil de travail en quelque sorte laissé par nos prédécesseurs et mis à disposition à nos successeurs dans le futur.

Le chalet-refuge aura pour mission de devenir un lieu de rendez-vous pour une jeunesse sans frontière.

Un hommage très particulier au couple Alfred et Madeleine SILBER qui a laissé une marque indélébile aux lieux tant par son dévouement que par sa présence permanente. Durant son époque, le chalet était devenu un lieu de rencontre dominical entre Haguenoviens et Lembachois. Tout le monde en parle encore. L’âme du défunt hante encore la demeure.

Permettez-moi de rendre un hommage vibrant et une pensée pieuse à nos prédécesseurs défunts, qui ont participé à l’aventure mais qui n’ont pas eu le temps de voir l’ouvrage tel qu’il est aujourd’hui. Un grand merci aux communes généreuses qui se sont toujours portées garantes par rapport au coût de nos projets et un super merci aux bénévoles d’antan et d’aujourd’hui.

N’oublions pas le Conseil Général et l’Europe, qui eux aussi, ont contribué à finaliser ce projet d’envergure.

Notre force c’est la fidélité de nos membres.

 

VIVE LE CLUB VOSGIEN

 

Affouage*

De l’ancien français « chauffer »  droit qu’ont les habitants d’une commune  de pratiquer certaines coupes de bois sur les biens communaux.

 

Le chargé de Communication

Joseph  BURCKELchalet2[1]